LA SORTIE DE CRISE DOIT PASSER PAR DE MEILLEURS SALAIRES
ADRESSE DU SECRETAIRE DU COMITE DE
GROUPE SICAME POUR LES NAO 2010
Suite à la réunion du comité de groupe Sicame du 10 décembre
2009, la direction générale Sicame s’est engagée à ce que
chaque filiale établisse un planning précis NAO 2010, d’ici la
fin du mois de Janvier 2010, avec un démarrage en Mars
2010…
Les enjeux économiques et sociaux du groupe se situent à un
niveau particulièrement élevé dans un contexte de récession
d’une gravité historique, qui frappe directement les travailleurs
du groupe de plein fouet sur leur pouvoir d’achat.
Depuis plus d’un an maintenant, la crise financière est venue
renforcer les problématiques salariales en braquant le projecteur
sur le niveau atteint par les inégalités entre les revenus du
travail et ceux du capital.
Alors que les différentes places boursières mondiales semblent
renouer avec la croissance (au 2
ième trimestre 2009, les 4
principales banques américaines ont réalisé 11.75 milliards de
dollars de bénéfices, en France par exemple la BNP a
provisionné environ 1 milliard d’euros pour verser des bonus à
ses cadres dirigeants ?
Après des centaines de milliards d’euros et de dollars d’argent
public aient été injectés dans le système économique, et
financier mondial, force est de constater que la spéculation
financière est repartie de plus belle, sans changement de ce
système il n’y aura jamais de sortie de crise envisageable…
La crise que nous subissons, est la conséquence directe d’un
système économique basé sur la rentabilité du capital à court
terme et la financiarisation de l’économie.
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Durant des années, les stratégies d’entreprises ont été dictées par
un seul objectif : accroître la rentabilité de l’entreprise ou du
groupe pour créer de la valeur pour l’actionnaire, servir des
dividendes…
La stratégie de création de valeur pour l’actionnaire une réalité
cachée, derrière de multiples facettes bien connues des salariés :
Stratégie de recentrage sur le coeur de métier, avec son
cortège d’externalisation et de sous-traitance, avec le
développement du « lean manufacturing » ou « lean
management » ;
Stratégie de réduction des coûts, où chaque secteur de
l’entreprise est géré comme une entité indépendante, avec des
réductions des coûts qui dégradent les moyens mis à la
disposition des salariés pour réaliser leur travail. Des
réductions des coûts qui entraînent des sous-effectifs, avec
des objectifs souvent inatteignables ;
Stratégie de cash ou cash flow, visant à réduire
l’endettement de l’entreprise ou du groupe et rechercher tous
les moyens pour que l’entreprise, ou groupe dégage un
maximum de liquidités ;
Dans les entreprises sous-traitantes et les PME, la pression
des donneurs d’ordre se répercute sur les salariés en matière
de salaires, de dégradation des conditions de vie, de travail et
d’emploi…
Ces inégalités sont donc apparues non seulement porteuses
d’injustices sociales, mais aussi facteurs de crise financière et de
récession économique. Les revalorisations salariales ne
s’opposent donc pas à l’emploi, bien au contraire, mais
comptent parmi les facteurs qui le favorisent.
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La publication au mois de Juin 2008 des comptes de la nation
a confirmé la poursuite de l’accroissement de la part octroyée
aux revenus du capital par les entreprises. Les dividendes et
assimilés ont augmenté de 9.3% durant l’année de la crise
financière. Ils ont dorénavant dépassé le quart de la richesse
produite par les entreprises, et se sont élevés à un niveau
supérieur aux cotisations sociales des employeurs et impôts à la
production réunis ?
Les dividendes constituent donc ainsi la première charge qui
pèse sur la production en France…
Le monde traverse l’une des plus graves crises de son histoire
moderne : recul brutal de la production dans les pays
développés, prévision par le BIT de 20 millions de chômeurs
supplémentaires en Europe, au titre de l’année 2009, recul du
commerce mondial, blocage de l’investissement durant plusieurs
mois, mise en concurrence des salariés dans le cadre de la
mondialisation sans précédent…
Dans notre branche de l’industrie métallurgie : 20 millions
d’heures supplémentaires (réalisées chaque trimestre en
moyenne en 2008) = 50 000 emplois (temps plein CDI base
35H). En réduisant le nombre d’heures supplémentaires et en
répartissant mieux le travail, les milliers d’emplois perdus dans
la branche auraient pu être évités et/ou sauvés.
On ne parle jamais, non plus des coûts des délocalisations et de
la contrainte environnementale :
En France la durée moyenne du travail pour un salarié à
temps plein (CDI) est supérieure à 41 heures ?
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La part sociale (par exemple) dans une voiture représente à
peine 9% du coût total pour un constructeur ?
Les coûts de transport et les délais de livraison ne sont pas
souvent pris en compte dans les comparatifs des coûts ?
Les entreprises n’intègrent pas dans leurs comparatifs de
coûts, les différentes aides publiques qu’elles perçoivent quand
elles s’implantent dans un nouveau pays ?
A l’heure des beaux discours, et des sommets bidon sur
l’environnement, les émissions de CO
², et la sauvegarde de la
planète, est-ce logique de produire à des milliers de
kilomètres, pour rapatrier ensuite les productions ?
Ou encore pour répondre aux exigences d’une organisation
de travail totalement rigide (lean manufacturing ou lean
management) de mettre des milliers de camions sur les
routes ?
Augmenter les salaires c’est accroître les risques de
délocalisations : FAUX ! :
Selon l’Agence France pour Investissements
Internationaux (AFII), la France est le pays d’Europe où la
main d’oeoeoeoeuvre est la plus productive au monde, une des
meilleures productivités horaires au monde (2 ou 3
ième ), forte
attractivité du territoire (2 ou 3
ième ) terre d’accueil des
investissements directs étrangers (IDE) grâce à ses
infrastructures performantes et ses services publics de qualité,
un temps de travail moyen supérieur à 40H hebdomadaire.
Selon (L’AFII), le « coût » de l’emploi qualifié est très
compétitif en France !
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Mais néanmoins le pouvoir d’achat n’en est que plus d’actualité
par rapport aux difficultés de la vie quotidienne que connaissent
et subissent les travailleurs du groupe Sicame, accentués par la
crise capitaliste…
La répartition des richesses n’en est donc que plus évidente, et
le rapport Cotis sur le « partage » de la valeur ajoutée, a très
bien démontré l’injustice sur ce « partage » :
Un niveau historiquement bas de la part des salaires dans
la valeur ajoutée et un manque à gagner important pour
les salariés ;
Une forte croissance des profits distribués qui n’a permis,
ni une relance de l’investissements productif, ni un
accroissement du taux d’emplois ;
L’explosion des hautes rémunérations avec pour
contrepartie la précarité et une « smicardisation » pour une
majorité de salariés.
Dans notre branche la part de la masse salariale dans la valeur
ajoutée se situe vers les 62%, depuis des années, au nom de la
rentabilité, de la compétitivité internationale, les entreprises ont
mené des politiques d’austérité salariale, en se basant sur l’indice
INSEE, indice repris par les filiales Sicame, qui est plus un
indice de variable d’ajustement salarial, car il ne reflète pas du
tout la réalité du coût de la vie (un seul exemple le prix des
loyers ne rentre que pour 8% dans cet indice, alors que les
loyers pour certains salariés représente plus de 50% de leur
salaire ? en région parisienne par exemple)…
Sous couvert de crise, on redemande une fois de plus aux
salariés de se serrer la ceinture « pour aider les entreprises à
traverser cette période difficile ».
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A en croire L’UIMM, et les chambres patronales territoriales
et/ou départementales de notre branche, il faudrait « geler ou
réduire les salaires » en période de crise, ce serait diminuer le
pouvoir d’achat des ménages, et par conséquent brider le moteur
de l’économie française. Une baisse générale des salaires
conduirait à une spirale de baisse du pouvoir d’achat, qui se
traduirait par un coup d’arrêt encore plus fort de la croissance et
de plus importantes destructions d’emplois…
Face à cette situation, car il faut quand même se poser la
question : « lorsqu’en période faste les salariés réclament un peu
plus de salaire, ils ne voient rien venir, en période de crise il
faut se serrer la ceinture, la question est donc mais quand faut-il
augmenter les salaires puisque ça n’est jamais le moment » ?
Face à cette situation donc, la Cgt ainsi que les autres
organisations syndicales associées au sein du pôle revendicatif
depuis le 1
er Janvier 2009, ont toujours refusé que le social soit
traité comme une variable d’ajustement pour maintenir la
rentabilité du capital.
Exiger des emplois stables, le paiement de la qualification, un
déroulement de carrière et des augmentations de salaires, c’est le
seul moyen de relancer une croissance juste dans notre pays et
du groupe, c’est également le seul moyen de satisfaire les besoins
des travailleurs, le groupe Sicame doit participer à cet effort…
Pour l’année écoulée l’augmentation du pouvoir d’achat fait
partie des premières préoccupations des travailleurs du groupe, le
salaire est la première source d’insatisfaction, devant les
conditions de travail, la stabilité de l’emploi et le temps de
travail, dans les entreprises ou groupe de plus de 50 salariés :
55% se déclarent plutôt insatisfaits de leur salaire, en lui
attribuant une note de 4 sur 10.
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72% expriment une insatisfaction quant à la rémunération de
leur expérience professionnelle, et 54% quant à la rémunération
de leur niveau d’études, confirmée par le rapport Cotis sur le
recrutement des jeunes relativement plus qualifiés, embauchés
au niveau du Smic…
L’écart entre salaire perçu et salaire jugé « normal » est
relativement important. 50% des travailleurs évaluent à
330€
l’augmentation de salaire dont ils auraient besoin pour
vivre dignement !
La hotte du père Noël apporte une nouvelle fois de nouveaux
cadeaux aux entreprises pour 2010 :
☺
Suppression de la taxe professionnelle, soit un allègement
fiscal pour les entreprises de 11.7 milliards d’euros ;
☺
Perte de salaires importante dans le partage de la richesse
créée (point de comparaison aligné à partir des années 60)
environ : -3 points, soit quelques 60 milliards d’euros de
moins pour les travailleurs. Explication : En se focalisant sur
la période récente de stabilité, le rapport Cotis minimise le fait
qu’aujourd’hui la part des salaires dans la valeur ajoutée est de
3 points inférieure aux années 1950-1960. En termes de
revenu national actuel, cela représente une perte pour les
salariés de l’ordre de 60 milliards d’euros par an. C’est plus de
deux fois le plan de relance du gouvernement, qui est de 26
milliards d’euros sur deux ans. La baisse de la part des salaires
est à l’origine de l’insuffisance chronique de la demande
salariale, qui est un facteur de la faiblesse de l’activité
économique en France, avec ses corollaires, la faiblesse de
l’emploi et de l’investissement productif et la financiarisation de
l’économie. Ce problème est totalement ignoré dans le rapport
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Cotis. Il faut aussi préciser que cette stabilité apparente cache
une forte inégalité entre salariés, la part des 10% les mieux
payés dans la valeur ajoutée a augmenté d’environ un point.
De plus, dans la comptabilité nationale, la masse salariale
intègre une partie de l’intéressement et la participation. Ces
formes de rémunération dont bénéficient surtout les plus hauts
salaires, ont fortement augmenté et représentent maintenant
1.5% de la valeur ajoutée ;
☺
Avec les réductions de cotisations jusqu’à 1.6 Smic (loi
Fillon), s’ajoutent de nouvelles baisses de cotisations patronales
de 28.5 milliards d’euros, pour une exonération totale de 30.7
milliards d’euros, l’équivalent du déficit de la sécu pour 2010,
le taux de cotisations des salariés a presque triplé en vingt ans,
pendant cette période la cotisation des employeurs a stagné. Il
y a là un choix politique, opéré au détriment des salariés…
☺
Baisse du financement de la protection sociale au détriment
des ménages : 9.3 milliards d’euros au profit des entreprises ;
☺
Ajouter à cela le bouclier fiscal, ristourne pour les riches de
15 milliards d’euros, retraites chapeau, stocks option, bonus
etc…
Par contre pour les travailleurs et les ménages c’est plutôt la
hotte du « père fouettard » :
Augmentation des produits pétroliers, même si la taxe
carbone a été ajournée de + de 10% en moyenne à la pompe,
l’état entendant bien récupéré 2.7 milliards d’euros au travers
de la taxe carbone ;
Augmentation du forfait hospitalier qui passe de 16€ à
18€ (+160 millions d’euros) ;
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Déremboursement de médicaments (+145 millions
d’euros) ;
Augmentation de 5% des mutuelles en 2010 ;
Fiscalisation partielle des indemnités journalières des
accidentés du travail (135 Millions d’euros), ce qui est tout en
soi scandaleux, car c’est taxer les victimes du travail qui use,
stress, fatigue, ou tue pour maintenir et enrichir une partie de
la population toujours plus favorisée ;
Augmentation de la redevance télévisuelle passant de 116 à
120€ ;
Augmentation exponentielle des impôts locaux et/ou
fonciers passant de 20.25% à 30.23% sur l’enveloppe
globale ;
Fiscalisation des indemnités de départ à la retraite volontaire
(+50 millions d’euros) ;
Les prix qui redémarrent à la hausse pour les mois à venir
etc….etc… ;
Le calcul est donc simple, ristourne importante aux
entreprises, sans aucune contrepartie, financées par les
ménages, ainsi les plus nombreux verront en 2010 la part
contributive des ménages, donc des travailleurs du groupe
Sicame, en hausse passant de 56.36% à 66.46% ???
Nous savons, et avons vu lors du dernier comité de groupe
Sicame du 10 Décembre 2010 à Paris que celui-ci malgré
l’impact de la crise, et au travers des bons résultats de ses filiales,
que les résultats économique et financiers sont de bons résultats
pour 2009 (prévisionnel de + 268 millions d’euros), avec une
prévision pour 2010 (de + 286 millions d’euros) ceux-ci
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doivent donc également se traduire par de bons résultats sociaux
(distribution équitable des richesses créées au sein du groupe)…
Comme je l’ai dit en comité de groupe la reprise pour les salariés
du groupe ne sera réelle, qui si elle s’effectue au travers d’un
pouvoir d’achat en augmentation, l’évolution des emplois en
France, la reconnaissance des compétences au travers des
qualifications et/ou classifications, de meilleures conditions de
travail etc…
Des accords ont été validés par les représentants des salariés du
groupe (Cgt-Cfdt-Fo), GPEC, et notamment par exemple sur
l’emploi des « seniors », évitant ainsi le paiement de la pénalité de
1% sur la masse salariale, par le groupe, et permettant aux
salariés âgés enfin d’être reconnus…
Nous avons démontré notre esprit de responsabilité, nous
attendons en retour un geste de la direction générale Sicame, qui
pourrait être par exemple de mettre cette somme dans le pot du
pouvoir d’achat des travailleurs du groupe pour les prochaines
NAO 2010 ?
Le calendrier NAO 2010, dans chacune de nos filiales doit donc
être finalisé, avant fin Janvier 2010, et la négociation (1
ère
réunion au mois de Mars 2010), afin que dans nos filiales ces
négociations se déroulent déjà dans un premier temps dans une
atmosphère apaisée, et non pas dans la cacophonie de l’année
dernière !
La loi du 03 Décembre 2008, avec la circulaire
N°DSS/5B/DGT/2009/145 réserve désormais le bénéfice de
l’allégement Fillon et de certaines exonérations ciblées aux
entreprises dont l’employeur respecte l’engagement de garantir
chaque la mise en place des NAO portant notamment sur les
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salaires effectifs, en somme les allégements de cotisations sont
conditionnées à l’ouverture de NAO chaque année !
Je rappelle ici que les NAO ne se réduisent pas en terme de
négociations annuelles : au seul salaire, mais doivent englober
d’autres thèmes prévus par la loi comme l’emploi, le temps de
travail, la formation professionnelle, l’égalité Femme/Homme, la
mixité, la prévoyance, le handicap etc…
Pour terminer je rappelle également ici, les propositions de la
coordination syndicale du groupe : que nous développons au
comité de groupe :
Demande d’un coup de pouce salarial, allant bien au-delà
de celui du Smic du 1
er Janvier 2010 (0.5%), en terme
d’augmentation générale ;
Un véritable 13ième mois pour les filiales qui ne l’ont pas ;
Le point RMH de la somme, étendu pour les filiales du
groupe ne l’appliquant pas ;
Abaissement du niveau de L’EBITDA, pour le calcul de la
prévoyance salariale (intéressement et participation) à 6% au
lieu de 9% actuellement, je rappelle ici aussi, que la
prévoyance salariale (intéressement + participation) ne peut
se substituer aux rémunérations dans cette négociation Art L
3332-13 du code du travail : ces primes ne peuvent donc
pas rentrer dans le calcul des augmentations générales ou
individuelles de salaire ;
Garantie de nos emplois au sein des filiales France, et plan
de recrutement ambitieux sur notre territoire pour les années
à venir ;
La mis en place d’une mutuelle digne de ce nom pour les
filiales n’ayant pas un niveau de remboursement satisfaisant,
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afin de préserver la santé des travailleurs, que ce soit sur les
frais de santé ou le décès, invalidité, incapacité, avec un
paiement de prise en charge : au mini de 60% pour
l’employeur et un mini de 40% pour le salarié ;
Mise en place de plans de formation ambitieux, répondant
aux besoins de l’entreprise et/ou des salariés, dans le cadre du
centre de formation Sicame ;
Mise en place d’un accord groupe sur la mixité, et l’égalité
Homme/Femme pour l’année 2010 ;
Mise en place d’un accord groupe sur le handicap au travail
pour l’année 2010.
Je pense peut-être : que cette année nous pourrons éviter les
conflits au sein de nos filiales, sur les salaires, ou autres, en tout
cas c’est ce que je souhaite, au travers d’un coup de pouce
salarial supplémentaire face aux difficultés de la vie quotidienne
que connaissent un grand nombre de salariés du groupe…/…
Réfléchissons sur cet adage :
Auguste Blanqui déclarait : « que le capital était du travail
volé ? »
Le secrétaire du comité de groupe Sicame
Sylvain Marsaud