Cérémonie du 11 Novembre 2009 à Bagneux 92

Publié le par marsaud sylvain

11novembre 2009

 

Discours prononcé par Sylvain Marsaud pour L’ARAC

Au monument aux morts de Bagneux 92

 

Mesdames, messieurs, chers amis, très chers camarades.

 

11 novembre 2009, quatre vingt onzième anniversaire de l’Armistice de 1918.

 

3 août 1914 – 11 novembre 1918

52 mois ou 1651 jours, de ce qu’il est convenu d’appeler la « Grande Guerre ».

 

Une évidence concernant cette « Grande Guerre »  c’est qu’elle fut une immense boucherie.

 

Avec des chefs de guerre, qui ne semblaient avoir aucune considération pour ceux qu’ils envoyaient à l’abattoir.

 

Pas le moindre respect pour la vie et l’intégrité de ceux qu’ils commandaient et qui très vite devinrent de « la chair à canon » comme les soldats se nommèrent eux même et comme l’a si bien défini la chanson de Craonne.

 

8 millions et demi d’hommes mobilisés.

 

1 million 400 000 morts.

 

3 millions 500 000 blessés.

 

L’on évalue à 5 milliards de l’époque le coût de cette chose « monstrueuse et surtout stupide, cette immense injustice » comme l’avait écrit Henri Barbusse.

 

Cette « grande guerre » qui fit au total dix millions de morts.

 

Après une pareille hécatombe les survivants, étaient tous certains que ce massacre servirait de leçon à l’humanité toute entière et qu’une pareille tuerie serait la dernière, que les humains ne commettraient plus jamais de pareilles horreurs

 

Ils en étaient tellement convaincus, qu’ils déclarèrent que celle-ci était « La der des ders ».

 

Ils pensaient que désormais les hommes sauraient vivres en paix, côte à côte, fraternellement et ne plus servir les ambitions des marchants de canons qui au cours de cette tragédie avaient accumulé des fortunes colossales.

 

Pourtant, à peine vingt ans plus tard une nouvelle tragédie eut à nouveau lieu, faisant cette fois-ci plus de cinquante millions de morts, en commettant  des atrocités et des tortures encore jamais utilisés dans l’histoire de l’humanité.

 

1939 – 1945.

Cinquante millions de morts, c'est-à-dire l’équivalent à cette époque là, de la totalité des habitants de notre pays, femmes et enfants compris.

 

Après cette nouvelle tuerie les survivants déclarèrent à nouveau :

«  Plus jamais ça !!! ».

Et tel était d’ailleurs le serment des rescapés de Buchenwald.

 

Non il n’était pas possible que de pareilles horreurs puissent se renouveler à nouveau.

 

Désormais tout devait être fait pour que les gens, qu’ils soient blancs, noirs ou jaunes, émigrés ou immigrés puissent vivre en bonne intelligence et en toute fraternité, plus rien ni personne ne devrait pouvoir se permettre de dresser des murs entre les uns ou les autres.

 

Des murs qui tôt ou tard enfanteront de nouvelles guerres.

 

Mais puisque j’évoque des murs, comment n’avoir pas remarqué  que depuis plus de deux mois nos médias nous parlent  sans arrêt et avec beaucoup d’enthousiasme de la chute du mur de Berlin.

 

Une grande fête médiatique à laquelle s’était jointe une très grande majorité de nos gouvernants, a eut lieu avant-hier.

 

A cette occasion, tous les médias sans exception ont consacré des centaines  d’heures d’émissions au mur de Berlin, alors qu’on évoque à peine et sans les dénoncer « ces murs de la honte » bien réels et très actuels qu’ont érigés les puissances dominantes.

 

S’il est vrai que l’on ne peut que se réjouir, de voir disparaitre les murs qui séparent les hommes les uns des autres, il faut également demander à ce que disparaissent tous les murs sans exception, quels qu’ils soient et où qu’ils se trouvent.

 

Oui ! Il nous faut abattre tous les murs séparant les hommes, telle était d’ailleurs souvent exprimée, la volonté de tous ceux et de toutes celles qui ont combattu et donner leurs vies, désireux qu’ils étaient de nous laisser un monde de paix, de fraternité et de bien être.

 

Alors oui, dans le même élan condamnons tous les murs qui sont une honte pour tous les êtres humains ? Car malheureusement, il n’y a pas que le mur de Berlin qu’il faudrait abattre.

 

En voici seulement quelques-uns.

Quelques-uns seulement et cela n’est pas exhaustif.

 

D’abord celui séparant la Corée du Nord de la Corée du Sud, mur érigé pour empêcher  la réunification des peuples de Corée et qui empêche les familles de se retrouver.

 

Celui, qui en Espagne est dressé non seulement pour empêcher les émigrés de rejoindre l’Europe, mais dressé de telle façon que ceux qui tentent de le franchir soient sérieusement blessés.  

 

Ou bien encore et surtout, ce mur construit par les israéliens afin de « ghettoïser » le peuple de Palestine.

 

Mur construit, sur le territoire des palestiniens, en violation des Conventions Internationales.

 

Ces Conventions Internationales qui interdisent l’implantation de colonies de peuplement sur les territoires occupés.

Et tout cela, se passe sous le regard bienveillant des grandes puissances, qui laissent accomplir ce scandale sans intervenir et sans dire un seul mot de condamnation.

 

Pourtant, ce mur,  qui est une honte, coupe souvent en deux la terre des paysans palestiniens, et oblige tous les jours certains enfants à faire un très long détour pour se rendre à leur école.

 

Et pour se rendre à l’école, ils sont obligés de passer par de multiples contrôles et ces contrôles sont effectués sans égards et sans respect par l’armée israélienne.

 

Ne faudrait-il pas s’insurger également, contre le mur qui sépare le Mexique des Etats-Unis, où d’immenses barbelés séparent les riches des USA des pauvres du Mexique.

 

L’Amérique cet immense pays, de la soit disant démocratie et de la liberté, ce pays donneur de leçons, où les gardes frontières américains tirent sans hésiter sur les mexicains qui essaient de franchir cette frontière,  pour aller travailler et essayer d’y gagner un morceau de pain pour leurs enfants.

 

Vous voyez mesdames et messieurs qu’il y a encore beaucoup de murs à abattre, sans que pour cela nos gouvernants et nos médias ne s’en émeuvent outre mesure.

 

 En conclusion comment pourrait-on, ne pas penser que toute cette comédie relève d’une véritable intoxication médiatique et d’une minable opération politicienne destinée à salir un idéal plutôt que de se réjouir véritablement de la chute d’un mur.

 

Par ailleurs, au moment de cette célébration de la chute du mur de Berlin, il convient de mettre en évidence que depuis la réunification de l’Allemagne, le niveau de vie des habitants de l’ancienne RDA n’a fait que se dégrader, la démocratie des riches ne leur a pas apporté le bonheur qu’on leur avait promis, bien au contraire, puisque aujourd’hui les sondages indique que plus de 70% des « Ossies » regrette l’ancienne RDA, notamment sur la politique sociale.

 

Mais revenons-en au onze novembre 1918 et à cette effroyable guerre qui, quatre vingt onze ans après la signature de l’armistice, soulève encore de nombreux problèmes au sein de notre population.

 

La bataille que mènent actuellement certaines associations pour la réhabilitation des « fusillés pour l’exemple » commence à porter ses fruits….

 

Il est indispensable de rappeler, qu’entre 1914 et 1918, 140 000 dossiers on été présentés devant les conseils de guerre ou bien des tribunaux d’exception.

 

2500 condamnations à morts furent prononcées.

 

675 ont été fusillés pour l’exemple.

 

Parmi les fusillés ils y avaient des soldats décorés et même des officiers.

 

Des généraux bien à l’abri et en mal de notoriété, ont envoyé des soldats à l’assaut de mamelons qui n’avaient aucune importance stratégique, en sachant parfaitement qu’ils vouaient à une mort certaine des pères de famille.

 

Peu leur importaient un échec, il recommençait immédiatement la même attaque.

 

Et lorsque parfois ils y avaient des contestataires, ils les faisaient immédiatement passer devant un conseil de guerre ou devant un tribunal d’exception et condamné à mort comme lâche et comme traitre à la patrie.

 

Il y a quelques années déjà, un film intitulé : «Le pantalon rouge» a été présenté à la télévision, il retraçait la condamnation à mort d’un soldat qui avait refusé d’enfiler un pantalon très sale prélevé sur un cadavre.

 

Le film relatait également la souffrance de cet homme enfermé comme un animal en attendant l’heure de son exécution, pourtant il suppliait qu’on lui laisse la vie en pensant au martyr que sa femme et ses enfants allaient endurer.

 

Malgré ses supplications la mort lui fut donnée à contre cœur par ses compagnons de tranché, qui eux aussi ne pouvaient pas refuser l’ordre d’un supérieur, sans risquer de passer à leur tour  devant une cour martiale.

 

Le film démontre également la souffrance de son épouse, et des siens resté au village, cette épouse qui ne touchait aucun subside de l’Etat et qui vivait dans une misère effroyable, était méprisée par ses voisins, ses enfants souffrant de la faim étaient constamment l’objet de quolibets de la part de leurs camarades d’école.

 

Cette anecdote qui donne des frissons, nous oblige à nous souvenir que les 2500 condamnations à mort ont entrainé des milliers de familles dans la misère, dans la désespérance et en plus méprisés par leurs voisins.

 

91 ans plus tard, il est temps, oui grand temps que nos gouvernants reconnaissent publiquement  que ces malheureux ont payé pour des fautes qu’ils n’ont pas commises et que leur réhabilitation, pour l’honneur de leurs familles et pour l’honneur de la France est devenue indispensable.

 

Exiger aujourd’hui leur réhabilitation est un devoir auquel les français n’ont pas le droit de se soustraire.

 

Avant de conclure, je souhaite rappeler que l’Angleterre a déjà montré l’exemple en réhabilitant ses ressortissants condamnés pour les mêmes faits et que ce serait une honte pour notre pays de ne pas suivre cet exemple.

 

Je vous conseille aussi de regarder ce soir sur France2, le téléfilm sur Blanche Maupas, cette femme qui a toute sa vie combattue, pour la réhabilitation de son mari fusillé en 1915 « pour l’exemple », afin de faire assumer ses responsabilités à l’état, toutes ses responsabilités…

        

Merci à tous

 

 

 

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