Edito du journal du syndicat CGT CATU JUILLET 2006
EDITO PLANETE FOOTBALL Du 09 JUIN au 09 JUILLET 2006, notre planète a été submergée par un raz de marée particulier : celui du football, dont la phase finale de la coupe du monde s’est déroulée en Allemagne réunifiée… Il s’agit du plus universel événement sportif et surtout télévisuel, plusieurs dizaines de milliards de téléspectateurs, en audience cumulée, ont suivi les soixante-quatre matches de l’épreuve, qui ont opposés trente-deux équipes représentant les six continents… La compétition a agit comme un formidable paravent et a occulté tout autre événement, au grand soulagement de certains, par exemple en France : MM. Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont misé sans doute sur cette hypnotique distraction collective pour tenter de faire oublier la ténébreuse « affaire Clearstream », afin de « souffler un peu »… « Peste émotionnelle » pour les uns, « passion exultante » pour les autres, le football est le sport international numéro un, mais c’est indiscutablement plus qu’un sport, sinon il ne susciterait pas un tel ouragan de sentiments contrastés… Un fait « social total » a dit de lui le grand essayiste Norbert Elias, on pourrait affirmer aussi qu’il constitue une métaphore de la condition humaine… Le football est le sport politique par excellence, il se situe au carrefour de questions capitales comme l’appartenance, l’identité, la condition sociale, par son aspect sacrificiel et sa mystique, la religion… C’est pourquoi les stades se prêtent si bien aux cérémonies nationalistes, aux localismes et aux débordements identitaires, ou tribaux qui débouchent parfois sur des violences entre supporters fanatiques. Pour toutes ces raisons, et sans doute bien d’autres, plus positives et plus festives, ce sport fascine les masses, celles-ci à leur tour, intéressent non seulement les démagogues mais surtout les publicitaires… Car davantage qu’une pratique sportive, le football est aujourd’hui un spectacle télévisé pour très grand public avec ses vedettes payées à prix d’or… L’achat et la vente de footballeurs reflètent bien l’état du marché capitaliste à l’heure de la mondialisation libérale : les richesses se situent au Sud mais se consomment au Nord, qui seul possède les moyens de les acheter, et ce marché (de dupes souvent) donne lieu à de modernes formes de traite d’êtres humains… Les moyens financiers mis en œuvre sont démentiels, pour De telles masses d’argent rendent fou, toute une faune affairiste rôde autour du ballon rond, elle contrôle le marché des transferts des joueurs, ou celui des paris sportifs… Certaines équipes, pour s’assurer la victoire n’hésitent pas à tricher, les cas avérés sont légion… Comme le confirme le scandale qui secoue actuellement l’Italie, et qui pourrait conduire Ainsi va donc ce sport fascinant, tiraillé entre ses splendeurs sans pareilles et ses fanges, dont l’effet est semblable parfois à celui de la boue placée dans un ventilateur, chacun en est éclaboussé… Sylvain MARSAUD